Article Corse Matin 8 Mai 2009 - Appel à la population
Mardi 18 mai 2010Source : Corse Matin
http://www.corsematin.com/ra/corse/253614/bastia-la-balle-est-dans-le-camp-des-victimes
La balle est dans le camp des victimes
Paru aujourd’hui, samedi 8 mai 2010
Le Dr Denis Fauconnier lance un appel à la population pour apporter les preuves que le nuage de Tchernobyl a fait des victimes sur l’île.
Il y a urgence à agir ». C’est ce qu’aura retenu le Dr Denis Fauconnier de son entretien avec Marie-Odile Bertella-Geffroy, la première juge d’instruction au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Paris. Une visite concernant le procès Tchernobyl qui s’est tenue le 22 avril dans la capitale - et qui a bien failli être annulée en raison du nuage de cendres volcaniques - mais qui a finalement amorcé le compte à rebours dans l’affaire de la reconnaissance des victimes du nuage radioactif.
L’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), de même que la Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad), conduite par la députée européenne Michèle Rivasi, se sont également rendues au rendez-vous fixé par le juge d’instruction.
Une centaine de plaintes corses sur les 650 déposées
Pour l’heure, cette longue instruction traite 650 plaintes, dont une centaine concernant des victimes insulaires. Mais devant la demande de non-lieu présentée par le parquet de Paris, tous ont décidé de tirer la sonnette d’alarme. Les travaux et les enquêtes de terrain se multiplient pour tenter d’apporter matière pour s’opposer à cette requête dont le délibéré devrait être rendu courant septembre. Un entretien balayé de révélations qui, selon le médecin installé en Balagne, ex-membre de la commission dite « Tchernobyl » à l’ancienne assemblée de Corse, prouve qu’il est encore temps de souffler sur ce nuage pour dévoiler la vérité. « La juge nous a appris que la consommation de Levothyrox - médicament de la thyroïde - a presque été multipliée par dix depuis 1986, sur le plan national. Ce qui atteste une fois de plus de l’impact de la catastrophe nucléaire sur la population ».
« L’obligation de lancer un appel à la population »
Un élément nouveau qui intervient comme une piqûre de rappel pour témoigner des conséquences sanitaires essuyées par les habitants, en particulier les enfants nés au deuxième semestre 1986. Le Dr Denis Fauconnier estime aujourd’hui « être dans l’obligation de faire un appel à la population pour savoir si des problèmes de santé sérieux sont à signaler ». Autant de situations qui pourraient corroborer le rapport de causalité établi au hasard de rencontres. « J’ai plusieurs cas de pathologies sévères qui sont apparues ces douze dernières années en Balagne. Ces jeunes adultes, aujourd’hui âgés de 23 ans, ont tous été soignés pour des cancers à Marseille. J’ai eu connaissance de ces dossiers sans même mener d’enquête. Peut-être y a-t-il encore d’autres victimes », s’interroge le médecin.
Une nouvelle fois, la demande d’un registre des cancers, différée depuis vingt ans, est pointée du doigt. À cela s’ajoute une étude épidémiologique qui piétine, mais que l’on ne cesse de présenter tel le sésame qui lèverait le voile sur les retombées de cette catastrophe. Autant de lenteur dans les projets, de promesses ayant volé en éclats qu’il est temps de démêler. Car pour le Dr Denis Fauconnier, « il faut maintenant prouver qu’on est des victimes de Tchernobyl ».
Pour toute information, contacter le Dr Denis Fauconnier au 04.95.61.07.43 ou fauconnierdenis@gmail.com
Julie Quilici